RENCONTRE AVEC JEAN-YVES NOYREY, MAIRE DE L’ALPE D’HUEZ

« La montagne c’est la ruralité en pente  »

Jean-Yves Noyrey, maire de l’Alpe d’Huez se réjouit de recevoir le Congrès National des Maires ruraux de France du 29 septembre au 1er octobre 2023 et nous partage les particularités de cette commune rurale à deux facettes.

L’Alpe d’Huez est un lieu inédit, un village atypique parmi toutes les communes de France. Quelle est la spécificité de votre mandat par rapport à d’autres communes ?

Jean-Yves Noyrey : Notre spécificité c’est la montagne. Comme nous avons souvent l’habitude de dire, la montagne c’est la ruralité en pente. C’est aussi le tourisme avec le ski en hiver et le vélo en été, avec la montée en route et notamment le Tour de France qui a eu lieu dans notre commune 34 fois ! On peut également parler des nombreuses possibilités de balades dans la nature, principalement en été : les visites en remontée mécanique, les alpages, le VTT, les visites de sites archéologiques et plus particulièrement le site archéologique le plus haut d’Europe, qui sera visité par les accompagnants des congressistes lors du Congrès national des Maires Ruraux de France.

Votre commune accueille de nombreuses manifestations d’ampleur internationale. Comment un congrès national d’élus prend-t-il place dans cette foison d’évènements que vous gérez ? 

JYN : Les événements que nous organisons habituellement sont principalement touristiques. Nous en recevons en été comme en hiver : le festival du film d’humour, différents championnats de ski de France, la coupe de la Fédération Française de ski, championnats de VTT, le tournoi national de pétanque, le championnat national de l’échec… Mais également des événements plus caritatifs et moins touristiques comme la montée des Hollandais quisert de support de récolte de fonds. Par exemple, les gens payent pour faire du vélo sur la montée et récoltent des fonds pour la lutte contre le cancer.

Nous avons la chance d’avoir le Palais des sports et des congrès qui permet d’accueillir des événements divers et variés. Nous sommes ravis de recevoir le Congrès national des Maires Ruraux de France car cela offre une possibilité de faire connaitre le village et de proposer une destination un peu atypique. Une destination nouvelle avec la possibilité de faire beaucoup d’activités et qui donnera envie de venir participer au congrès.

L’AMRF défend la notion de « Villages d’avenir ». En quoi l’Alpe d’Huez et votre équipe municipale peuvent-ils donner des idées à d’autres communes ?

JYN : Dans les villages de montagnes, il y a des villages d’hiver et des villages d’été. Ici à l’Alpe d’Huez, vous avez les deux facettes. L’été, nous pouvons occuper les gens avec différentes activités. Avec le réchauffement climatique, les gens des villes cherchent à partir afin d’échapper aux fortes canicules. Grâce à l’altitude, nous avons une fraîcheur qui permet de mieux dormir. Nous avons cette possibilité d’enfiler un pull en soirée pendant l’été et de bien se rafraichir, ce qui n’est pas possible en ville. Toujours grâce à l’altitude mais en hiver, sur le long terme, nous avons l’idée de développer l’enneigement des cultures avec de la neige produite grâce à l’eau. Aujourd’hui avec le soleil, il fait beaucoup moins froid qu’avant – ce qui permet aux touristes d’aller au restaurant, d’utiliser les remontées mécaniques pour aller faire du ski, de se balader ou de faire du vélo.

Un des thèmes du Congrès est l’enjeu de mettre tous les maires en situation d’agir pour la transition écologique. L’enjeu de la transition impacte particulièrement des communes comme la vôtre. Comment une municipalité comme la vôtre agit-elle ?

JYN : La montagne est très impactée par les conséquences du réchauffement climatique. En effet, nous avons moins de neige qui tombe. C’est pour cela que les communes de la montagne sont très intéressées par le sujet du réchauffement climatique. Nous sommes davantage penchés sur des sujets comme l’économie d’énergie et la production de gaz à effets de serre.

Nous avons mis en place des projets qui nous permettent de réaliser des économies d’énergie tels que refaire l’isolation de nos bâtiments, changer des lampadaires pour des leds, récupérer des eaux de pluie sur toutes nos rénovations, créer de deux télécabines d’Huez jusqu’aux Berges afin de limiter la circulation des voitures. Nous réfléchissons sur la possibilité de mise en place d’une télécabine vers Bourg d’Oisans, le changement des télécabines avec capteurs solaires et limitation de l’impact environnemental. Nous avons également programmé le déplacement de nos deux structures – piscine et patinoire, dans l’idée de les couvrir d’ici 3 à 5 ans.

Un gros travail est fait de la part des communes de campagnes qui luttent contre le réchauffement climatique. Cependant, les efforts de nos communes restent très petits à l’échelle nationale, mais on apporte notre pierre à l’édifice et c’est ce qui compte. Il faut savoir que les touristes en font la demande également. En ville il n’y a pas beaucoup d’efforts de faits à ce niveau-là, mais les gens ont cette attente en allant à la montagne.