CULTURE : DES ANNONCES QUI OBLIGENT À DES RÉSULTATS

Les Maires ruraux ne savent que trop que “concer­tation” rime rarement avec “satisfaction”. Néan­moins, quand la nouvelle ministre de la Culture annonce le 22 janvier, un « Printemps de la ruralité » pour travailler à une concertation nationale sur l’offre culturelle en milieu rural, les élus ruraux y portent nécessairement une oreille attentive. Mais plus encore, les termes utilisés par Rachida Dati détonnent sensible­ment dans un ministère habitué à feindre d’entendre la nécessité d’un meilleur équilibre territorial des crédits culturels.

« Un tiers de nos concitoyens vivent en milieu rural [et] notre modèle culturel semble être passé à côté de cette réalité majeure de notre pays », fait valoir Rachida Dati, dans la présentation de sa démarche. Et la ministre d’enfoncer le clou en détaillant son diagnostic sur les diverses lacunes : « faible présence d’équipements culturels de proximité » ; « faible prise en compte des publics ruraux dans les équipements urbains » ; « de nombreuses initiatives insuffisamment reconnues et soutenues » ; « un formidable patrimoine, qu’il faut non seulement sauvegarder, mais dont il faut aussi repenser les usages » ; et d’ajouter qu’« aujourd’hui, c’est même dans les campagnes que se réinvente un service public de la culture, qui change littéralement des vies ». 

Notre modèle culturel est passé à côté de la réalité rurale de notre pays

Si l’AMRF suivra naturellement avec attention la démarche prévue pour être menée tambour battant durant deux mois (questionnaire / concertation / visite de terrain / assises nationales) en invitant l’ensemble des élus et des forces vives de la culture en milieu rural à faire valoir leurs revendications et leurs propositions, la position des maires ruraux a toujours été de dire qu’il ne s’agit pas (et il ne suffit pas) d’agiter les chiffons rouges de l’inégalité financière pour faire une politique cultu­relle. C’est pourquoi ils seront particulièrement attentifs à ce que des leviers opérationnels concrets, en articula­tion avec le Plan France Ruralités, soient mis sur la table à l’issue de cette concertation.

DÉJÀ UN PREMIER RAPPORT 

Concomitamment à ces annonces, l’inspection générale des affaires culturelles (IGAP) a publié un rapport sur l’action des équipements labellisés en milieu rural. Les auteurs dressent quelques constats, que la ministre considère comme « une première contribution » à la concertation qu’elle engage, et font une série de recommandations que l’AMRF ne nierait pas : 

> mieux prendre en compte la ruralité dans les textes réglementaires et les conventions régissant l’action des équipements labellisés ; 

> mener une évaluation « robuste » de l’effort de l’État en faveur des territoires ruraux ; 

> renforcer les capacités d’ingénierie culturelle locale et la formation des élus ruraux ; 

> prendre en compte les questions de transports pour favoriser l’accès à la culture ; 

> poursuivre l’effort en faveur de l’itinérance et des résidences d’artistes.