« LES VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE ET LA COHÉSION SOCIALE EN COMMUN »

Questions à Marie-Claire Martel, vice-présidente du CESE en charge de la participation citoyenne et présidente de la COFAC

L’engagement citoyen est un sujet du quotidien, et pas uniquement le jour du vote. C’est pourquoi la Cofac (Coordination des fédérations et associations de culture) se sent assez proche des revendications de l’AMRF, car il y a très peu de différences entre l’engagement associatif et l’engagement dans un collectif municipal. Pour nous, c’est une continuité, et d’ailleurs on observe aujourd’hui des freins communs liés aux engagements municipaux et associatifs, avec une prise de responsabilité rendue difficile dans tous les domaines à cause des difficultés juridiques et pénales et de la complexité administrative. C’est compliqué pour les maires et pour les associatifs : nous sommes malheureusement tous logés à la même enseigne !

Ces difficultés créent des inégalités extrêmement préjudiciables à la démocratie, avec le sentiment de plus en plus répandu qu’il faut avoir bac + 5 pour accéder à des responsabilités. La volonté de s’engager n’est pas en panne, mais on est face à un plafond de verre administratif et psychologique. C’est le même constat sur l’engagement féminin, d’où l’importance des dispositions votées récemment. Quand une femme est engagée localement, il n’y pas de doute sur sa capacité à s’investir pour l’intérêt général dans un conseil municipal. Dans le secteur culturel que je suis de près, la part des femmes actives au sein du noyau dur des associations employeuses est de 54 % (72% dans le livre et la lecture).

Les valeurs de la République et la cohésion sociale des territoires sont nos modes d’action communs entre élus et associatifs. D’ailleurs, l’éducation populaire a longtemps permis de faire émerger les responsables politiques de notre pays. Nous serons capables de faire société qu’en créant du lien entre les gens. Élus et associatifs, ce sont deux endroits différents, mais c’est une même prise de responsabilité pour se prendre en main au niveau local et affirmer qu’on ne peut pas tout attendre des pouvoirs nationaux. Le CESE n’a pas vocation à faire de la politique et à prendre parti dans le cadre des municipales de 2026, mais j’invite les élus ruraux à se nourrir de nos travaux sur la construction politique de la décision et notamment les deux Avis que nous avons adoptés en 2022 sur « l’engagement bénévole, la cohésion sociale et la citoyenneté » et sur « l’engagement et la participation démocratique des jeunes ». Agir, ce n’est pas seulement prendre des décisions, c’est aussi les construire ensemble pour les rendre acceptables.